L’ interview d’Evelyne Ronchard
Madame Ronchard : « Les gilets jaunes m’ont tout piqué ! » |
En pleine crise des « gilets jaunes », Madame Ronchard a accepté de répondre en exclusivité aux questions du Pleutoultanais libéré. |
Le Pleutoultanais libéré : Madame Ronchard, cette année sortira le premier volet d’un biopic vous étant consacré, « A bas tout », ce qui tombe bien, car vous êtes en plein dans l’actualité. Que pensez-vous du mouvement des « gilets jaunes » ?
Mme Ronchard : Très franchement, ils m’ont tout piqué. Je suis aux gilets jaunes ce que Karl Marx est à la critique du capitalisme. J’avais tout compris avant tout le monde, et ce depuis plus de vingt ans. Mais à l’époque, personne ne voulait vraiment m’écouter. En Belgique, le PTB devrait me verser des droits d’auteur. LPL : Votre philosophie générale peut se résumer en trois mots, ceux du slogan que vous portez fièrement sur votre pancarte depuis votre arrivée dans les pages du Vif/L’Express à la suite de l’affaire Dutroux, en 1997 : « A bas tout ». Mme R. : En effet. Et imaginez qu’à l’époque, lorsque je prônais la révolution contre les élites depuis ma cuisine, il n’y avait même pas de réseaux sociaux. Mais finalement, rien n’a vraiment changé, en l’occurrence : grâce à Facebook, je fais toujours la révolution depuis chez moi, avec juste un écran d’ordinateur pour m’aider à diffuser mes idées progressistes. LPL : Donald Trump, lui aussi, s’est beaucoup inspiré de votre doctrine ? Mme R. : Absolument. Steve Bannon n’a rien inventé. Vous devez savoir que lorsque l’auteur du biopic qui nous intéresse – Nicolas Vadot, un sale bobo cosmopolite, citadin, multiculturel et européiste travaillant pour la presse (qui ne survit que grâce à MES impôts !), bref, tout ce que je déteste – m’a contactée pour narrer mes aventures en grand format, nous étions en 2009 et, à cette époque, Donald Trump n’était encore qu’un magnat de l’immobilier qui présentait des jeux télévisés stupides. Sans fausse modestie aucune, je pense avoir vraiment contribué à son élection, presque une décennie plus tard. LPL : L’un des porte-paroles des gilets jaunes souhaitait que le Premier ministre français soit remplacé par un général. Une bonne idée ? Mme R. : Oui, trois fois oui ! Vous verrez dans le tome 2 de mes aventures qu’une fois au pouvoir, je donnerai aux citoyens ce qu’ils attendent : un pouvoir fort, en rupture totale avec la politique couille molle, pardon… chèvre-choutiste de cette caste qui nous gouverne en s’agenouillant devant les puissances antipatriotes. LPL : Vous partez d’un constat simple : les mauvais résultats des « Asperges blanches », l’équipe nationale de football du Pleutoultan, ainsi que le mauvais temps qui règne sur le pays, ne sont pas une fatalité. Au contraire, ils sont organisés et manipulés par le pouvoir en place. La question du changement climatique est donc également au cœur de votre projet politique. Vous êtes décidément visionnaire. Mme R. : Oui, merci de le souligner, car à part vous, la presse n’en parle jamais. « Fake news » ! La presse mainstream est de mèche avec tous ces politicards corrompus. Si vous votez pour moi, vous verrez bien qu’il fera de nouveau beau au Pleutoultan, d’une part, et que nos footballeurs deviendront champions du monde. LPL : A ce propos, lundi 3 décembre 2018, au Grand Palais, à Paris, se tenait la remise du Ballon d’or. Comment expliquez-vous qu’aucun gilet jaune n’ait manifesté contre ces footballeurs surpayés qui planquent pour beaucoup leurs plantureux gains dans les paradis fiscaux, en éludant l’impôt ? Mme R. : Si vous le permettez, je m’inscris en faux contre cette désinformation d’État : contrairement aux banquiers cosmopolites incarnés par cet infâme Emmanuel Macron et toute la clique qui le porte aux nues, les footballeurs professionnels proviennent en général de milieux populaires, ils savent ce que c’est d’avoir des fins de mois difficiles et n’ont pas appris dès la naissance à diriger le monde. En cela, ils court-circuitent le déterminisme social et démontrent par leur mérite qu’ils peuvent briser ce cycle infernal de l’entre-soi des riches, en le devenant eux-mêmes, juste en poussant un ballon. En cela, ils sont révolutionnaires. LPL : Vous êtes donc favorable à la méritocratie, mais contre les élites ? Contre les impôts, mais pour une plus grande protection sociale. N’est-ce point là quelque peu paradoxal ? Mme R. : Pardon ? Je n’accepte pas le côté orienté de votre question. Finalement, vous êtes tous les mêmes. Moi, les journalistes, moins je les vois, mieux je me porte, mais là, vous m’obligez à utiliser la force pour me faire entendre. PAF ! BOUM ! TIENS ! PRENDS MON POING DANS TA GUEULE, SALE JOURNALEUX !
PS : Notre journaliste ayant terminé à l’hôpital, vous découvrirez les aventures de Mme Ronchard dans « A bas tout ! ». |